14 ans de travaux pour le château de Grandson
16 avril 2024
Ils sont tailleurs de pierre, spécialistes de crépis anciens, charpentiers médiévaux, archéologues du bâti, serruriers, architectes patrimoniaux ou muséologues. Ils ont un seul but: remettre en valeur l’un des plus grands châteaux de Suisse. En effet, l’imposante forteresse gothique surplombant le lac de Neuchâtel possède des façades de plus de 40 mètres. «Le château compte aujourd’hui 100 pièces, des terrasses et deux parcs, ajoute Camille Verdier, directeur de la fondation du Château de Grandson qui régit les lieux. Nous prévoyons pour 2026 trois offres muséales pour un total de 3000 m2.» On pourra y découvrir l’histoire du château au travers ses différents propriétaires, un centre d’arbalète unique en Suisse et des expositions temporaires. L’inauguration est prévue le 2 mars 2026. «Nous sommes dans les temps, mais les extérieurs ne seront pas terminés, car nous venons de lancer le mandat d’étude pour cette partie», précise-t-il.
Puissante famille vaudoise
Le site est magistral et a été le théâtre de l’histoire européenne. C’est en effet ici, à Grandson, que Charles le Téméraire a été repoussé par les Confédérés en 1476. Avant cela, pendant près de quatre siècles, la place forte a abrité l’une des familles vaudoises les plus puissantes: les Grandson. Ils contrôlaient quatre des six châteaux de la route médiévale: Grandson, Belmont, La Sarraz et Montricher.
A une époque plus récente, la forteresse a rempli des usages étonnants. Caserne, puis manufacture de tabac au début du XIXe, elle a ensuite été rachetée par le baron Gustave de Blonay. Avec son fils, ils la transforment, au tournant du XXe siècle, en une demeure moderne avec électricité, chauffage central, salles de bains et cuisine moderne. En 1956, Georges Filipinetti de Genève rachète le château et y propose un musée de l’automobile, notamment.
Aujourd’hui, Grandson est propriété de la Fondation Stiftung für Kunst, Kultur und Geschichte (SKKG) à Winterthur. «Bruno Stefanini, un collectionneur d’art zurichois, achète le château en 1983. Via la Fondation SKKG, il y investit des millions dès 2012, afin de stabiliser l’enveloppe extérieure. Il possède trois autres châteaux en Suisse. Grandson est toutefois le seul à être ouvert au public», mentionne Camille Verdier. Bruno Stefanini décède en 2018, mais la rénovation de la forteresse se poursuit sous l’égide de sa fille Bettina, directrice de la SKKG. Depuis 2020, une restauration complète de l’intérieur est en cours pour un montant de plus de 40 millions de francs. Quatorze ans de travaux démarrent.
Rénovation magistrale
Le défi est sans précédent. La place forte n’a jamais fait l’objet d’une rénovation globale depuis plus d’un siècle. Il a fallu trouver des maçons capables de réaliser des crépis anciens et des tailleurs de pierre qui travaillent la molasse, le calcaire dur. «L’escalier monumental tournant a été entièrement remplacé avec des matières de l’époque, explique dans une vidéo Daniel Lachat de chez Lachat et fils à Bioley. Il y a encore du grès de La Molière dans la région, mais plus de calcaire jaune d’Hauterive. Il est remplacé par du calcaire français.»
Même réflexion pour la charpenterie au moment de refaire les planchers à double fond en sacs de sable ou les escaliers en bois. «Il faut lier l’existant et le neuf, tout en respectant la statique», mentionne à son tour Pierre Criblet de chez Favre à Pomy. Un jeu de patience. «Il y a beaucoup de complexité dans un tel projet. Il faut trouver des entreprises qui ont cette connaissance et cette sensibilité, car chaque matériau doit être validé par les monuments et sites (DGIP)», relève le directeur du château.
Architecte patrimonial oeuvrant également sur la cathédrale de Lausanne, Christophe Amsler suit la rénovation depuis 13 ans. Il parle de «personnalité du monument à comprendre et de la prise en compte de l’ancien pour lui redonner un avenir». Tandis que les archéologues du bâti sondent les murs et les sols, étudient les maçonneries, numérisent et valorisent les objets révélés par les travaux.
80 000 visiteurs attendus
Electriciens, chauffagistes, éclairagistes ou muséologues interviennent en parallèle. Un challenge supplémentaire, car alimenter en technologie un tel bâtiment a un coût. «Je ne souhaiterais pas acquérir un château, plaisante Camille Verdier qui a pourtant travaillé au château de Penthes à Genève auparavant. Il y a certes un marché pour ces objets, mais les frais d’entretien sont colossaux. A Grandson, nous allons payer 30 à 40 000 francs pour chauffer une partie seulement du bâtiment.»
Contemporaine des châteaux de Chillon, Gruyères ou Morges, la forteresse de Grandson est la seule à être en mains privées. La Fondation table sur 80 000 visiteurs par an. En comparaison, le château de Chillon annonçait 430 000 visiteurs annuels avant Covid. «Chillon comptabilise plus de 100 ans d’histoire touristique et a eu le temps de se faire connaître à l’étranger. Notre positionnement est différent et bien plus récent. Nous souhaitons offrir une expérience privilégiée, en animant le château au-delà des musées, avec des concerts, des galas, des banquets ou du théâtre», glisse l’archéologue médiéviste.
BRUNO STEFANINI, COLLECTIONNEUR DE CHÂTEAUX
Fondateur de Terrestra, société de gestion immobilière zurichoise, Bruno Stefanini possédait plus de 280 propriétés en Suisse, dont le château de Grandson. Elles sont pour la plupart gérées via sa Fondation SKKG. Châteaux, gratte-ciel Sulzer à Winterthour ou sculptures, ses objets sont hétéroclites.
La Fondation possède l’une des collections d’art privé les plus importantes de Suisse, quelque 100 000 objets. Outre des œuvres de Fernand Hodler, Albert Anker, Giovanni Giacometti, Felix Vallotton, on trouve la Rolls-Royce de Greta Garbo, le lit et le testament de Napoléon Bonaparte, des textiles de la dynastie Ptolémée du IIIe siècle ou l’édition complète de Goethe, signé de l’auteur.Attaché au patrimoine suisse, Bruno Stefanini a notamment acquis la casquette, le manteau, le poignard et la montre du Général Guisan ou encore un coffre d’Albert Einstein. Il était également sensible aux destins de femmes et possédait une robe et un parasol de l’impératrice Sissi ou encore la couronne de l’impératrice du Mexique de 1864. La collection est estimée, avant sa mort du mécène, à plus 1,5 milliard de francs. «Je collectionne des maisons comme d’autres les timbres postes» disait ce protecteur du patrimoine suisse.
Source : Immobilier.ch
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